Le Soziale Fortschrëtt a parlé avec un jeune diplômé (nom anonymisé par la rédaction), qui a, en pleine situation pandémique, complété ses études supérieures et activement recherché un emploi.
SF : Dans quel pays est-ce que tu as fait tes études ?
Pol : C’était en Belgique, à Bruxelles, à une Haute Ecole de Gestion de l’entreprise.
SF : Tu as reçu ton diplôme en 2020. Est-ce que c’était plus difficile en cette situation de pandémie que tu l’avais imaginé ?
Pol : Je ne pense pas que c’était plus dur. L’université et les profs nous ont relativement bien encadré et soutenu. Pour eux aussi c’était une situation particulière. Ils ont également dû s’habituer à tous ces changements. Donc pour moi, ce n’était pas plus dur, non. C’était différent et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.Ma défense orale du mémoire a du coup eu lieu en ligne… ça, c’était un peu bizarre, parce que je ne savais pas à quoi m’attendre, comment ça va se dérouler etc. Si j’avais eu la défense en présentiel, comme les autres années, j’aurais pu en parler à mes collègues pour voir comment ça c’était passé chez eux et où il faudrait être vigilant. Mais sinon, je ne pense pas que c’était plus difficile.
SF : Est-ce que tu as fait reconnaître l’équivalence de ton diplôme au Luxembourg par la suite ?
Pol : Non je n’ai pas fait reconnaitre mon diplôme au Luxembourg, parce que je n’en avais finalement pas besoin pour mon travail. Et franchement, je ne connais pas vraiment les procédures pour le faire. Je pense que pour la Belgique, et le domaine de mes études, il n’est pas nécessaire à le faire. Si je ne me trompe pas, c’est plutôt le cas pour des études en droit par exemple ou dans un autre pays. Mais je ne me suis pas informé sur ce sujet.
SF : Est-ce qu’il aurait été bien de recevoir plus d’informations sur ce sujet à la fin de tes études ?
Pol : Oui clairement, parce que je ne suis toujours pas à 100 % sûr si je dois le faire reconnaître et comment. Je sais uniquement que pour certains domaines, c’est obligatoire. Et encore, je ne saurais même pas à qui m’adresser. Donc ce serait bien utile d’avoir des directives.
SF : Et puis ? Est-ce que tu as directement commencé à chercher un emploi ou est-ce que tu as recherché des alternatives ?
Pol : Je voulais rapidement trouver un emploi. Je ne voulais pas faire d’année sabbatique ou quelque chose dans ce genre. Ce n’était pas mon but. Finalement, ça m’a pris quand même plus de temps que prévu pour trouver un emploi, qui m’intéresse et où je pourrais être en même temps une plus-value pour l’entreprise. Après avoir reçu mon diplôme, j’ai rapidement commencé à chercher du travail, mais c’était en pleine période de vacances, donc beaucoup d’entreprises étaient fermées ou en effectif réduit. Ça veut dire que souvent je n’ai reçu des réponses que 3 à 4 semaines plus tard. Donc ça a rendu la recherche un peu difficile, et puis aussi parce que c’était justement le début de la pandémie du COVID-19. C’est pour cette raison que ça a traîné un peu.
SF : Est-ce que tu t’es inscrit à l’ADEM pour obtenir de l’aide dans ta recherche ?
Pol : Vu que j’avais prévu de partir en vacances, et qu’il faut – une fois inscrit – prévenir l’ADEM quand on quitte le pays, etc., on m’avait recommandé d’attendre jusqu’à ce que je revienne des vacances. C’est ce que j’ai fait, donc c’était à peu près 1 mois après avoir reçu mon diplôme. Ça fonctionne assez bien je dois dire. On m’a tout expliqué au téléphone, j’ai répondu à quelques questions et puis on reçoit un e-mail de confirmation et un rendez-vous avec un consultant de l’ADEM.
SF : Comment est-ce que tu as préparé tes candidatures et tes entretiens d’embauche ?
Pol : Nous avons eu des cours à l’université, c’étaient surtout les cours de langues. Là on a un peu vu ensemble quels types de questions pourraient être posés lors des entretiens, comment rédiger son CV et sa lettre de motivation etc. Donc grâce à ça, j’ai déjà eu une petite base. En 3e année on a eu par exemple un oral bilingue, en anglais et en allemand pour moi, qui était une simulation d’un entretien d’embauche. Ça et aussi les candidatures pour les stages m’ont déjà donné une petite idée de ce qui m’attend. Pour le reste, je me suis informé sur Google et j’ai lu le guide de l’ADEM, pour voir quelles questions pourraient être posées, j’ai pris des notes de réponses possibles.
SF : Au cours de ta recherche d’emploi, est-ce que tu ne t’es jamais intéressé aux syndicats ?
Pol : En fait pas vraiment. A cette époque, je n’ai pas pensé qu’un syndicat pourrait me fournir les informations dont j’avais besoin. Pour moi, c’était beaucoup plus un sujet auquel on réfléchit une fois embauché.
SF : Tu t’es inscrit entretemps auprès d’un syndicat ?
Pol : Oui.
SF : Quand il était question de signer ton premier contrat de travail, est-ce que tu savais où il fallait être vigilant ?
Pol : On m’a demandé de signer directement. Nous avons donc revu le contrat ensemble, ce qui m’a déjà un peu rassuré, parce que je me suis dit que je ne vais rien signer que je n’ai pas lu auparavant. Ça m’a déjà rassuré qu’il n’y ait pas de clause bizarre etc. Mais je n’aurais certainement pas remarqué des petits détails. Je ne m’y connais pas tellement dans le droit du travail. Donc oui ça aurait été bien d’avoir plus d’informations.
SF : Ta période d’essai est terminée, ce qui veut dire que tu as trouvé un emploi fixe en moins d’un an ? Est-ce que c’est la moyenne si tu compares avec ton entourage ?
Pol : Ça dépend. Les personnes qui n’ont pas fait d’études et qui avaient plus de choix en ce qui concerne le domaine dans lequel ils souhaitent travailler, ont trouvé assez rapidement un emploi. L’ADEM leur a proposé directement des formations. Et au cours ce celles-ci, ils ont reçu des offres. Si je compare avec les collègues de l’université, c’est un peu difficile à dire parce que la plupart d’entre eux sont restés en Belgique. Mais en gros, c’est comme ici au Luxembourg. Ils ont presque tous aussi mis pas mal de temps à trouver un emploi. A cause du COVID-19, beaucoup de personnes ont reçu un CDD ou un emploi intérim. Étant donné que nos études se sont aussi quasiment terminées par un stage, il y en avait pas mal qui ont été embauchés à la fin de celui-ci. Je pense qu’en moyenne, on a mis entre 2 et 3 mois, voire plus, pour trouver un emploi.
SF : Si tu passes tout en revue, est-ce que tu aurais une dernière consigne à partager aux jeunes demandeurs d’emploi ?
Pol : Ce qu’il ne faut surtout pas faire c’est de se dire « ok j’ai un entretien d’embauche, je vais attendre et faire une pause dans mes recherches ». Un entretien d’embauche est certainement bien, mais on n’a encore rien dans la poche. Il y en a beaucoup qui attendent donc une réponse après l’entretien d’embauche, sachant que parfois il y a entre 3 et 4 semaines qui passent, ce qui leur fait perdre énormément de temps. Donc ne pas interrompre sa recherche et aussi être réaliste. Cela ne sert à rien de faire une demande pour un emploi pour lequel on ne dispose pas des qualifications, comme un poste senior par exemple. Et ne pas abandonner, même si le processus peut prendre beaucoup de temps. Il faut toujours garder en tête que pour certains domaines, certains emplois, il y a uniquement un poste de libre.
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