Pensions et dialogue sociale : Le LCGB et la CSC demandent une plus grande participation des frontaliers

Le 13 novembre, une conférence de presse commune du LCGB et de la CSC a eu lieu afin de présenter les discussions politiques actuelles qui concernent également les quelque 52.400 frontaliers belges.

L’automne syndical au Luxembourg a commencé de manière mouvementée. Après que le gouvernement luxembourgeois ait lancé un débat sur une réforme des pensions qui, de toute évidence, devrait aboutir à un démantèlement du système actuel, le ministre luxembourgeois du travail a prévu un plan d’action pour plus de conventions collectives qui, de facto, devrait rendre les syndicats obsolètes.

Le débat sur les pensions

Le système de pension luxembourgeois actuel fait partie des meilleurs systèmes en comparaison avec les pays voisins. Malgré les oracles du passé qui annonçaient la fin prochaine du système de pension, ce système a permis de constituer des réserves de plus de 27 milliards d’euros.

Pourtant, après le changement de gouvernement l’année dernière, la Ministre de la Santé a lancé un débat sur la réforme du système de pension. Malgré les affirmations publiques ultérieures de la ministre selon lesquelles elle n’avait pas d’opinion préconçue, ses plans semblent tourner autour du démantèlement du système et de l’introduction d’une pension de base avec une pension complémentaire, alors que les expériences de la pension complémentaire de l’Arbed et de la « Riesterrente » allemande ont déjà montré où cela mène.

De plus, l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) revendique une baisse substantielle des futures pensions et remet en cause tous les éléments qui bénéficient aux jeunes ayant poursuivi des études ou aux femmes ayant arrêté ou réduit leur activité pour des raisons familiales. Les syndicats refusent une telle vision qui vise à désolidariser les générations en pénalisant les jeunes et les familles.

Pour les deux syndicats représentatifs au niveau national au Luxembourg, dont le LCGB, il n’est pas question de démanteler le système de retraite actuel, basé sur la solidarité.

Par conséquent, les syndicats ont publié leurs analyses et revendications pour renforcer le système, le rendre plus solidaire et plus juste, et garantir une protection contre la pauvreté des personnes âgées.

Bien que ces débats soient discutés en tripartite au Luxembourg afin de trouver un consensus entre les positions, la ministre préfère un large débat public. Même si cela est souhaitable, elle a oublié d’y consulter les frontaliers et les citoyens étrangers au Luxembourg. La plate-forme https://pensioun.schwätzmat.lu/, avec tout juste 500 caractères, n’offre pas non plus un moyen adéquat de participation.

Le LCGB demande qu’une décision soit prise dans le cadre du dialogue social tripartite et qu’elle soit soumise aux personnes concernées, c’est-à-dire aussi à tous les salariés, qu’ils vivent au Luxembourg ou dans la région frontalière, sous forme de référendum. Néanmoins, 47% des 482.000 salariés au Luxembourg sont des frontaliers. 

Attaquer les conventions collectives (CCT), une gifle pour les salariés !

Les syndicats représentatifs au niveau national revendiquent depuis des années une réforme du cadre légal des conventions collectives de travail (CCT) qui leur permettrait d’augmenter le nombre de CCT et de négocier des CCT plus modernes et adaptées aux besoins et demandes des salariés.

Suite à une directive de l’UE sur les salaires minimums décents, le Ministre du Travail luxembourgeois s’active, mais pas dans l’esprit de la directive, plutôt dans celui des employeurs. Avec son plan d’action, le ministre se rallie au patronat pour rendre les CCT insignifiantes par :

  • la réduction au strict minimum du contenu obligatoire des CCT
  • la possibilité de négocier des CCT plus défavorables que le Code du Travail
  • la possibilité de négocier des CCT sans

 

Ce projet du ministre, soumis le 8 octobre 2024 au Comité permanent du Travail et de l’Emploi (CPTE), n’est rien d’autre qu’un bradage des droits et acquis des salariés.

En effet, remettre en cause le droit des syndicats de négocier et signer des CCT, c’est :

  • Remettre en cause toutes les CCT existantes
  • Favoriser des CCT sans plus-value pour les salariés
  • Remettre en cause tous les droits et acquis légaux des salariés

 

De toute évidence, les délégués « neutres », sans soutien d’un syndicat nationalement représentatif, ne disposent pas du rapport de force nécessaire pour défendre et imposer des améliorations à l’employeur.

Le LCGB rappelle que ce n’est que grâce aux syndicats que les acquis suivants ont pu être obtenus au niveau national :

  • L’indexation automatique des salaires
  • Le salaire social minimum
  • Les systèmes de sécurité sociale (assurance maladie, pension et dépendance)
  • L’assurance accident à charge de l’employeur
  • Les prestations familiales (allocations familiales, congé parental, etc.)
  • La semaine de travail de 40 heures
  • Les congés légaux et les temps de repos
  • Le télétravail
  • Le droit à la déconnexion

 

En ce qui concerne le travail du dimanche, le ministre du Travail a également ignoré le dialogue social et a déposé un projet de travail dominical de 8 heures dans le commerce sans contacter les partenaires sociaux comme il s’y était engagé au préalable. Il prive ainsi les syndicats d’un argument important pour les négociations de conventions collectives. En effet, ces dernières années, les syndicats ont pu négocier de nouvelles conventions collectives avec le travail du dimanche sur une base volontaire et avec de meilleures majorations que celles prévues par la loi.

La commission des frontaliers belges LCGB-CSC dit NON à cette politique scandaleuse qui vise à anéantir les acquis sociaux des salariés ! Une première action de sensibilisation de d’information des syndicats représentatifs au niveau national est prévue pour le 3 décembre 2024 à 17h00 au Parc Hotel Alvisse (Luxembourg)

Fiscalité – Discrimination des travailleurs frontaliers

Le LCGB et la CSC constatent que les frontaliers belges sont les seuls où l’administration fiscale considère que tous les jours d’astreinte sont à comptabiliser pour déterminer le seuil de tolérance de 34 jours de télétravail.

C’est pourquoi la commission des frontaliers belges LCGB-CSC revendique

  • les même droits fiscaux pour tous les salariés frontaliers ;
  • de réviser l’accord amiable afin de clarifier que les jours d’astreinte ne comptent pas pour le seuil fiscal du télétravail ;
  • d’augmenter le seuil fiscal de 34 jours à 55 jours de télétravail (< 25 % du temps de travail) pour tous les frontaliers.

 

Afin de mettre un terme aux discriminations fiscales dont sont victimes les frontaliers, une action de protestation aura lieu le 22 novembre 2024 à 10h30 devant le Ministère des Finances luxembourgeois.

 

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