Luxembourg, le 27 juin 2025 – Les dossiers en relation avec l’assurance maladie sont en train de s’empiler sur le bureau de la Ministre de la Santé et de la Sécurité sociale Martine Deprez. Chacun de ces dossiers a un dénominateur commun : même après les nombreuses interventions du front syndical OGBL-LCGB, la Ministre continue à éterniser les échanges, sans qu’elle semble vouloir ou pouvoir proposer des pistes de solutions voire même tirer les conclusions qui s’imposent.
La Ministre aux abonnés absents face à la situation financière très fragile de la CNS
Les dernières projections présentées à la quadripartite du 21 mai 2025 font état d’un déficit cumulé de près de 1 milliard € pour la période 2025-2028. À situation constante, l’obligation légale d’un fonds de roulement minimum de 10 % des dépenses courantes ne sera plus respectée au cours de l’année 2027 et la réserve financière de l’assurance maladie-maternité serait entièrement épuisée fin 2028.
Dans ce contexte, le front syndical dénonce une dénaturation croissante de l’usage des cotisations sociales, comme la CNS doit financer des dépenses qui devraient relever du budget de l’État. Cette pratique budgétaire a contribué lourdement à l’érosion de sa réserve financière. Cette demande syndicale de séparer les investissements, qui doivent être pris en charge par l’État de ceux qui doivent être pris en charge par l’assurance maladie et maternité, n’a pas encore été mise en œuvre à ce jour. Il s’agit notamment d’une augmentation de la dotation maternité aux frais réels, avec remboursement des pertes encourues depuis 2011 et de la prise en charge des frais administratifs par l’Etat.
Depuis des mois, la Ministre joue le temps dans ce dossier et ce malgré des discussions répétitives avec les partenaires sociaux et le constat que les premiers transferts du budget de l’Etat vers la CNS devraient encore intervenir cette année. Sinon une augmentation des cotisations deviendra très prochainement inévitable et le gouvernement menace même d’envisager une réduction des prestations. A ce propos, la Ministre a déjà fait savoir que les assurés devraient contribuer au redressement financier de la CNS.
Le front syndical OGBL-LCGB est catégoriquement opposé à ce que la situation financière très fragile de la CNS sert de prétexte pour réduire les taux de remboursements, respectivement à l’idée d’abandonner les améliorations de prestations promises depuis des années, mais jamais réalisées faute d’un engagement politique sérieux. Le front syndical demande en outre un engagement écrit ferme au sujet des garanties financières de l’Etat envers la CNS.
L’hypocrisie totale règne au sujet de l’absentéisme
Depuis des mois, l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) tire la sonnette d’alarme que les maladies de courte durée seraient en train de déraper. A cette fin, l’UEL n’a même pas hésité d’établir ses propres statistiques, citées à maintes reprises comme vérité absolue dans des prises de positions publiques répétitives, afin de peindre une image d’absences abusives de plus en plus fréquentes.
Or, les chiffres officiels démontrent clairement que l’augmentation du nombre d’absences est en lien avec l’évolution de l’emploi et le vieillissement démographique. En ce qui concerne les maladies de courte durée, les chiffres ne renseignent aucun dérapage qui pourrait amener à la conclusion qu’il y a des comportements de plus en plus abusifs du côté des assurés. Par contre, le phénomène du présentéisme prend de plus en plus de l’ampleur et constitue le véritable fléau puisqu’il nuit à la santé des salariés qui se sentent obligés d’aller travailler alors qu’ils sont malades. Il faudrait donc des mesures préventives au lieu de mesures répressives. A ce propos, l’UEL ne veut rien savoir et la Ministre continue à reporter toute discussion sur le présentéisme aux calendes grecques.
Depuis des mois, la Ministre laisse la tribune libre à L’UEL qui prône sans gêne la chasse aux malades afin de réduire le coût des absences de maladie de courte durée, à charge des entreprises. Pire encore, de façon tout à fait hypocrite, le même son de cloche se fait entendre du côté de la Ministre. Des « mesures ciblées » devraient viser les absences de courte durée « injustifiées » sans cependant créer un « climat de suspicion généralisé ». En clair, il faut chasser les malades sans donner l’apparence d’une chasse aux malades ! Et pour cela, la Ministre compte de nouveau mettre sur table un algorithme de sélection à mettre en place au niveau de la CNS afin de détecter les salariés à comportement abusif. En même temps, elle préconise seulement des « mesures pédagogiques » pour contrecarrer d’éventuels abus du côté des médecins prescripteurs. Ce n’est rien d’autre que le bâton pour les assurés et la carotte pour les employeurs et les prescripteurs !
Le front syndical OGBL-LCGB s’oppose catégoriquement contre cette politique hypocrite et demande à la Ministre de dénoncer publiquement toute intention de faire la chasse au malade.
Aucune solution en vue pour les salariés gravement malades ou présentant des restrictions pour raisons de santé
Depuis des années les chiffres de l’absentéisme confirment que le vrai problème réside du côté des maladies de longue durée. Or, c’est justement ici où des mesures sont cruellement nécessaires afin de soutenir les assurés concernés. Mais le contraire est le cas ! Que ce soit la limite légale des 78 semaines de maladie, les problèmes liés au reclassement ou bien le problème récurrent des avis médicaux divergents entre le contrôle médical de la sécurité sociale et la médecine du travail, la Ministre n’a à ce jour pas encore mené une discussion de fond sur ces problématiques.
A ce qu’il paraît, la Ministre semble de toute façon vouloir se contenter à des solutions de facilité qui n’apporteront aucune plus-value aux salariés gravement malades ou ayant des restrictions pour raisons de santé. La limite des 78 semaines de maladie illustre ce constat à merveille. Radio silence en la matière depuis des mois et maintenant les vieilles idées de fausses-solutions sont ressuscitées pour classer rapidement ce dossier tout en maintenant le statu quo. Tous les arguments semblent bons pour ne pas mettre un terme définitif à cette guillotine sociale. Le front syndical OGBL-LCGB demande une abolition pure et simple de la limite des 78 semaines de maladie.
Pour conclure, le front syndical OGBL-LCGB se doit de constater que la Ministre n’est pas à la hauteur des enjeux et que les assurés risquent de payer les pots cassés de son immobilisme voire même de ses priorités mal placées. En même temps, le gouvernement fait preuve d’un paradoxisme sans pareil en voulant repousser l’âge de départ en retraite, ce qui se fera au détriment de la santé des assurés et les rendra encore plus malades. Ce qui compte pour la Ministre, c’est l’apparence d’un engagement en faveur de l’assuré, mais dans les faits c’est absolument le contraire !
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