A l’occasion de la dernière réunion du Comité Permanent du Travail et de l’Emploi (CPTE), le porte-parole de l’UEL a déclaré que les représentants des employeurs refuseraient à l’avenir le modèle « Tripartite », base du dialogue social dans notre pays depuis maintenant plus de 40 ans.
Les explications fournies pour justifier cette démarche particulière sont, pour le dire tout de suite, très « minces ». Le patronat se décrit comme étant le perdant de chaque « étape » ou chaque « match » depuis plus de 40 années, victime éternelle des décisions successives qui vont à l’encontre des intérêts des employeurs de ce pays et ont résulté soi-disant dans une situation inextricable où « toute discussion avec vous (les organisations syndicales) est vouée à l’échec ».
Certes, le langage fut coloré et le refrain musclé, mais l’argumentation ne tient pas la route. La conclusion s’impose que nous nous trouvons en face d’un patronat faible en arguments qui, pour cacher cette faiblesse, évite de se confronter, dans un cadre tripartite, à son interlocuteur naturel, les organisations syndicales.
Le patronat a complètement oublié que les différentes réunions du comité de coordination tripartite ont pu définir des accords et des compromis en faveur non seulement des salariés de ce pays mais également des employeurs et de leurs sociétés et entreprises.
Le patronat est incapable de se rappeler que les différentes instances et structures du dialogue tripartite, telles que le Comité de Conjoncture et le CPTE, permettent non seulement de mieux gérer les effets conjoncturels et structurels de l’économie (p.ex. chômage technique, préretraite ajustement) mais servent également à préparer l’avenir (p.ex. Digital Skills Bridge, préretraite progressive) dans un esprit de sauvegarder les existences des salariés et la pérennité des emplois.
Le patronat fait fausse route s’il méconnait que la gestion « tripartite » de la Caisse Nationale de Santé (CNS) et de la Caisse Nationale d’Assurance Pension (CNAP) a permis de développer un niveau et une protection sociale remarquable en maintenant, grâce au financement « tripartite » (employeur, salarié et budget de l’état), le niveau des cotisations sociales à un niveau compétitif par rapport à nos voisins.
Finalement, le patronat commet une grave erreur de jugement, car c’est une autre structure tripartite, l’Office National de Conciliation, qui permet de trouver, souvent en dernière minute, un compromis ou une solution, face à un échec ou blocage des négociations des conventions collectives et évitant de cette manière de nombreux conflits sociaux aux seins des entreprises.
En réfutant le dialogue tripartite, le patronat luxembourgeois vise directement les bases de notre modèle social et s’attaque donc carrément aux intérêts des salariés de ce pays et vise, en dernier lieu, un affaiblissement des organisations syndicales.
Dans un style de « gilets jaunes » à la luxembourgeoise le patronat se comporte en casseur de la paix sociale.
Les organisations syndicales représentatives au niveau nationale CGFP, LCGB et OGBL ont lancé un appel commun pour manifester le 19 novembre prochain contre cette manière d’agir inadmissible et répréhensible du patronat luxembourgeois. Je lance un appel à tous les membres, délégués et sympathisants du LCGB pour soutenir notre démarche commune et donc de participer à la manifestation.
Les trois organisations syndicales ont également convenu de se réunir au sein d’une plateforme commune et de formuler leurs réflexions, propositions et revendications afin d’élaborer le droit du travail 4.0.
Le LCGB va s’engager avec les deux autres organisations syndicales pour défendre et sauvegarder le modèle tripartite et définir notre base commune pour affronter les discussions au niveau du CPTE.
Le LCGB est solidement préparé pour adapter notre droit du travail et notre modèle social aux défis de la digitalisation et de son impact potentiel sur le monde du travail et notre société.
Les nouvelles technologies, qui permettront de nouvelles formes de travail, la protection de la vie privée, le droit à la déconnexion professionnelle, l’aménagement du lieu de travail, la santé et le bien-être du salarié à l’ère digitale, ne sont que quelques exemples issus de notre programme d’action Diggi Pack « Digitalisation et monde du travail 4.0 ».
Les mesures définies par le gouvernement contre le changement climatique seront une autre préoccupation majeure de notre organisation syndicale. La mobilité durable, le développement du réseau des transport en commun, le développement et l’incitation du recours à l’électromobilité, le développement de nouveaux procédés de production au sein des entreprises réduisant ou évitant l’émission de gaz carbonique sont également des pistes sur lesquelles nous devrons nous engager. Il s’agit de préserver la pérennité des emplois de notre économie et d’éviter de créer une nouvelle fracture sociale par le renchérissement irréfléchie des différentes formes d’énergies.
Notre monde est en mutation permanente, la globalisation, la digitalisation, le changement climatique, l’instabilité des échanges commerciaux et donc les risques pour notre économie nécessitent une adaptation permanente de notre positionnement et de notre action.
Le LCGB opte pour un engagement fort aux cœurs des entreprises en faveur des salariés de ce pays, pour une digitalisation humaine, une meilleure conciliation entre vie professionnelle et familiale et la sauvegarde des existences.
La position patronale actuelle ressemble malheureusement plutôt à une déclaration en faillite. Pour le dire avec les mots de leur porte-parole « refus de jouer et perte par forfait ! »
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